"Je crois que... ce qui compte, c'est de faire bouger les choses, dit-elle. D'arriver à les changer. - Comment ça ? Changer le monde, tu veux dire ? - Pas le monde tout entier, mais celui qui t'entoure... Si tu pouvais y changer quelque chose, ce serait déjà pas mal, non ?"

C'est totalement par hasard que j'ai acheté ce livre. J'étais allée dans une librairie de livres d'occasion (Book Off) (une mine d'or, beaucoup de livres à 1€ et en bon état en général, le rêve !), et je l'ai vu. J'avais vaguement entendu parler du film lors de sa sortie au cinéma et par extension du livre dont il était adapté. Je ne m'y étais pas intéressée. Mais voilà que l'amie avec qui je me trouve me dit qu'elle a beaucoup aimé le roman. Je me suis dit alors “Une histoire d'amour, ça peut être sympa à lire en ce moment, pourquoi pas”.

Une histoire d'amour. Voilà ce que à quoi je m'attendais : un couple sur la première de couverture, un résumé qui parle d'une histoire d'amour, pas de surprise. Mais j'y ai trouvé bien plus que cela.

Tout d'abord, la forme du roman m'a agréablement surprise (et même plus qu'agréablement !). C'est là que le titre prend tout son sens. Nous suivons les deux personnages principaux un jour par an : le 15 juillet, de 1988 au début des années 2000. Pourquoi le 15 juillet ? Parce que le roman s'ouvre le 15 juillet 1988, dans la chambre d'étudiante d'Emma Morley. Emma et Dexter viennent d'avoir leur diplôme et après avoir fêté leur réussite, ils se sont retrouvés dans la chambre d'Emma. Ce n'était pas prévu. Ils ne se connaissaient presque pas. Ils ne le savent pas encore, mais à partir de ce moment, ils vont être liés à jamais. Eux ne sont pas sûrs de se revoir : Emma veut percer dans le monde de l'édition, Dexter quant à lui voyage pendant un an. Elle lui envoie de longues lettres, il lui répond par quelques mots jetés sur des cartes postales. C'est le départ d'une amitié très forte qui subira des épreuves, bien sûr, et qui évoluera en même temps que les deux héros.

J'ai plongé à “cœur perdu ” dans ce roman. Je me suis très vite attachée à Emma Morley. Son prénom, bien sûr, favorisait cet attachement (ça parait banal dit comme ça, pourquoi s'attacher à un personnage parce qu'il a le même prénom que vous ? Mais je dois l'avouer, quand je voyais écrit “Emma”, même si dans mon esprit c'était bien du personnage dont on parlait, je ne pouvais empêcher de m'identifier à elle) et son caractère, sa manière d'être, de son comporter. Elle est brillante (comme moi, oui j'ai le droit de rêver), mais manque terriblement de confiance en elle. Elle est drôle, aime rire, mais peut aussi être véhémente et imposer ses idées sans prendre en considération ce que peuvent penser les autres. Cela tient de son engagement : contre l'arme nucléaire, pour une planète saine, elle soutient aussi Mandela. Ces références au contexte politique et sociétal, aux évolutions de la société, de la fin des années 1980 aux années 2000, est aussi quelque chose que j'ai beaucoup apprécié dans ce roman. Mais revenons-en à Emma. Beaucoup de lectrices peuvent se retrouver en elle. Elle a des rêves plein la tête, veut écrire, changer le monde. Mais très vite, elle se laisse abattre par les difficultés qui s'opposent à ses rêves et elle baisse les bras, acceptant son sort.

Je me suis tellement identifiée à elle que je me suis posée les mêmes questions qu'elle, que j'ai eu peur pour les mêmes raisons. Ce livre m'a amenée à me poser des questions sur mon avenir, sur la raison de mes études, sur ce qui m'arrivera une fois que je serai diplômée. Je me suis demandée “pourquoi est-ce que je fais tout ça ?”. C'est assez bizarre, en réalité. Je n'ai pas eu le moral, durant une journée, à cause de ce livre. Et pourtant, je l'ai adoré. Je l'ai adoré parce que c'est comme si j'avais regardé dans un miroir. Et au final, l'histoire m'a aussi donné espoir et m'a donné envie de me battre, de ne rien lâcher.

Rêves, espoirs, attentes, doutes, désillusions, déprime, peurs, craintes... Ce roman c'est l'histoire d'une vie, finalement, c'est l'histoire des épreuves que nous avons surmontées et de celles qui nous attendent. Mais c'est aussi l'histoire des joies du quotidien, du bonheur que procurent l'amitié et l'amour, des bonnes surprises.

Suivre Emma et Dexter a été un réel plaisir. Ils ne se ressemblent pas. Emma vient d'un milieu populaire, Dexter d'une famille aisée. Emma travaille avec acharnement. Dexter se laisse plutôt porter. C'est le mec branché, un brin mystérieux, qui fait craquer toutes les filles. Et pourtant, ils deviennent très proches, meilleurs amis, et se confient sur tout. Du moins, au début. Au fil des années ils évoluent, changent, et ne reconnaissent plus l'autre.

J'ai tout aimé dans ce roman. Je suis passée de 1988 aux années 2000 sans m'en rendre compte. Je n'attendais pas grand chose de ce livre, si ce n'est de passer un bon moment de lecture. Sans plus. Et c'est peut-être pour ça que je l'ai d'autant plus aimé. J'ai été surprise. Chamboulée. Ça fait plusieurs jours que je l'ai fini, et pourtant, mes impressions de lecture sont encore intactes, comme si je venais de tourner la dernière page à l'instant même où j'écris. Ce roman m'a touchée.

Vous l'avez compris, je tiens là mon premier coup de cœur de l'année 2015. La dernière preuve étant que je ne peux pas me lancer dans un nouveau roman, là, tout de suite après, parce que tout me semblerait fade, banal, quand bien même je me lancerai dans un roman que je pourrais apprécier en d'autres occasions.

Je vous quitte sur les mots d'un journaliste de The Times, mots qui collent parfaitement à ce que j'ai ressenti : “On serait tenté de dire que ce roman va changer votre vie : il a, en tout cas, un petit peu changé la mienne... Les dialogues fusent, vous laissant bouche bée d'admiration. Pas un mot de trop, pas de baisse de rythme, tout fonctionne à tous les niveaux. Un jour est un roman nostalgique, brillant, émouvant, divertissant et tout sauf prétentieux.”