"Et lui qui l'aimait peut-être pour ça, uniquement pour cette façon qu'elle avait toujours eue de se couler dans l'air du temps et le regard des autres. Cette manière insaisissable, les mouvements qui savaient la délicatesse de glisser d'un homme à l'autre, d'un pays à l'autre comme elle avait fait, sans se soucier de ce qu'elle laissait derrière elle : une famille inquiète quelque part en Bretagne, qui prenait le train des nouvelles selon le bon vouloir des postes, des amis, et lui, Tony, qui était resté planté là. La matière dont son corps à elle était fait, cette fluidité, cette façon de tenir sur la pointe des pieds comme si rien ne pouvait jamais la blesser puisqu'elle était pour ça trop volatile - un corps léger et doux que Tony traitait de girouette, de temps à autre, pour ne pas s'effondrer en voyant comment il lui glissait des doigts."
Seuls, de Laurent Mauvignier
C'est un bel extrait!
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