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mercredi 23 décembre 2015

Pierre Brossolette raconté par Gilberte Brossolette et par Eric Roussel



Pierre Brossolette, journaliste politique, homme très intelligent, a été l'une des grandes figures de la Résistance sous l'occupation allemande. Mort dans des circonstances tragiques (il a sauté par une fenêtre de la salle où l'on s'apprêtait à le torturer, après avoir déjà été torturé à de maintes reprises), il est entré au Panthéon il y a quelques mois, en même temps que Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion et Jean Zay.

J'ai d'abord lu la biographie écrite par Eric Roussel, historien qui a écrit de nombreuses biographies d'hommes politiques (j'ai d'ailleurs la biographie de François Mitterrand qui m'attend mais elle est tellement énorme que je ne la lirai pas avant l'été prochain je pense !) et reçu des prix. J'ai eu l'occasion de lui parler lors du salon Histoire de Lire de l'hôtel de ville de Versailles et je l'ai trouvé adorable. Pour la petite histoire, je lui ai expliqué que je souhaitais travailler sur Gilberte Brossolette dans le cadre de mon mémoire de Master 2 et il m'a tout de suite proposé de m'aider. Autant dire que ça augurait une bonne lecture.

Je me suis très vite attachée au Pierre Brossolette dépeint par l'historien. Quelques rapides pages sur l'enfance précèdent le récit de ses études puis de ses débuts de journaliste politique. Eric Roussel s'attache à nous décrire les idées politiques de Brossolette. Ce dernier était un idéaliste (dans le sens où il accordait une grande place aux idées) mais ça ne l'empêchait pas d'être aussi pragmatique et réaliste, surtout lors des multiples événements des années 1930 qui menèrent peu à peu à la Seconde Guerre mondiale. Journaliste, éditorialiste, engagé à la SFIO, il fut aussi chroniqueur à la radio où il parlait de politique étrangère. La biographie écrite par Eric Roussel contient de nombreux documents en annexes, dont des articles écrits par Pierre Brossolette, et le récit est lui aussi complété par des extraits de chroniques. Le moins que l'on puisse dire est que le futur résistant portait une analyse très fine des événements et devinait ce qui allait se passer, non pas comme un devin, mais comme quelqu'un qui sait interpréter les paroles et les actions des uns et des autres. Très intelligent, donc, intelligent et bosseur, il ne comptait pas les heures de travail. (il avait été reçu premier au concours de l’École Normale Supérieure, rien que ça !).

Pierre Brossolette était un homme d'idées, mais pas que. Il a fait preuve d'un courage sans faille lors des quelques mois de bataille qu'a menés la France au début de la Seconde Guerre Mondiale. Eric Roussel comme Gilberte Brossolette, à travers des témoignages unanimes à ce sujet, nous montrent que Pierre Brossolette est resté proche des hommes qu'il a dirigés, qu'il les a soutenus jusqu'au bout et les a ramené vivants après la défaite, alors qu'ils fuyaient l'ennemi victorieux. Il a fait preuve d'un courage sans faille, courage qui le guidera tout au long des heures sombres de l'Occupation.

Les deux biographies dépeignent l'ambiance qui règne alors. Les questionnements de chacun, les doutes, les peurs, les prises de position. Le livre d'Eric Roussel m'a appris beaucoup de choses sur la Résistance, notamment sur les conflits qui opposaient les différents mouvements et réseaux. Pierre Brossolette rejoint Londres avec femme et enfants en 1942, mais fera de multiples allers-retours en France occupée, ne voulant pas devenir, comme il le dira à Gilberte Brossolette, un “rond de cuir de la Résistance”. Ce qu'on nomme “la Résistance” n'est pas en fait pas unie. Il y a beaucoup de groupes et ils ne mènent pas des actions coordonnées. Il y a aussi beaucoup d'imprudences. Et tous les réseaux ne sont pas favorables à De Gaulle, loin de là. Il faut aussi souligner les grandes différences qu'il y avait entre la zone occupée et la zone libre, et que les groupes de ces deux zones n'étaient pas en phase entre eux. Tout cela complique bien les choses et la tâche de Pierre Brossolette était d'y mettre de l'ordre. Les deux biographies expliquent avec beaucoup de précision ses missions et sa volonté tout en mettant en avant les luttes de pouvoir qu'il y avait au sein de la France Libre.

Dans son livre, Gilberte Brossolette dresse le portrait de son époux avec beaucoup de tendresse et d'admiration. Son témoignage nous donne à voir l'homme qu'il était dans sa vie privée. On y découvre un mari très amoureux de sa femme et un couple très soudé. Avec ses enfants, le résistant est un père exigeant mais aussi et surtout soucieux de leur bien être. Souriant et plein d'humour, il est néanmoins en proie à une inquiétude constante. Il pouvait être charmant mais son ton pouvait aussi être cassant, ce qui donnait de lui l'image d'un homme arrogant et suffisant. Exigeant, il l'était avec ceux qui l'entouraient et envers lui-même. (sur ce point, vous pouvez lire la lettre qu'il a envoyée à Charles de Gaulle, lettre dans laquelle il exprime son désaccord avec des mots que peu de personnes auraient osé écrire au Général)

C'est difficile de faire court quand on parle d'un homme de la trempe de Pierre Brossolette. Nul doute qu'il aurait été un grand homme politique s'il n'avait eu cette fin funeste. Son arrestation et la suite des événements, fruits de malheureux hasards et d'imprudences de la part de résistants, m'ont fendu le coeur. Lire ces lignes, c'était assister, impuissante, à un drame. Comment ne pas être touchée lorsque Gilberte Brossolette évoque les longues semaines sans savoir, les longues semaines à se poser des questions alors que personne n'ose lui avouer la triste vérité. Elle à Londres, le corps de son mari à Paris. C'est elle qui, bravant le danger, vient enquêter clandestinement sur les circonstances de la mort de son mari. 

Pour finir, deux petits extraits du livre écrit par Gilberte Brossolette. Le premier extrait, qui clôt la biographie, m'a beaucoup touchée.
Pierre fut incinéré le 24 mars au Père-Lachaise, en même temps qu'un autre résistant, François Delimal, du Bureau des opérations aériennes.
Deux urnes furent scellées dans l'aide gauche du colombarium. Elles portent gravés les numéros 3913 et 3920. Nul ne sait laquelle contient les cendres de François Delimal, laquelle celles de Pierre.
Quand je me recueille devant l'inscription “Inconnu”, gravée dans le marbre, revient en écho la phrase que Pierre m'avait dite un jour : “S'il arrive quelque chose, n'oublie jamais que je t'ai passionnément aimée.” ”

Et une petite anecdote sur leur rencontre. Pierre et Gilberte se sont connus alors qu'ils étaient étudiants, Pierre à l’École normale supérieure, et Gilberte à la Sorbonne en Histoire. Pierre Brossolette a abordé sa future épouse en lui demandant si elle pouvait lui prêter les notes qu'elle avait prises lors d'un cours qu'ils fréquentaient tous les deux. Gilberte Brossolette écrit alors :
Je saurais aussi que c'était en entendant mon prénom, celui de l'héroïne des Jeunes filles en fleur, qu'il avait levé les yeux pour comparer ma silhouette à l'image qu'il s'était faite de la Gilberte de Proust.



J'ai appris beaucoup de choses en lisant ces deux biographies. J'ai découvert un homme passionnant qui aurait pu faire tellement de choses à la Libération s'il n'avait pas été arrêté … Les détails sur la Résistance sont également passionnants et instructifs. Gilberte Brossolette a consacré sa vie à la mémoire de Pierre Brossolette. J'espère pouvoir lui rendre l'hommage qu'elle mérite à son tour.











Cette chronique n'était pas très joyeuse mais j'en profite tout de même pour vous souhaiter un joyeux Noël !

lundi 14 décembre 2015

Le journal Le 1 et La Revue des deux mondes

Bonjour à tous,

Aujourd'hui, je vous propose une chronique un peu particulière. Je ne vais pas vous parler de roman, de théâtre ou de poésie, mais de lecture de l'actualité. Ça reste de la lecture, mais pas de fiction. L'actualité est parfois désespérante et on peut être tenté de ne plus s'y intéresser pour ne pas déprimer. C'est pourquoi je vous propose un journal qui sort du lot et une revue intéressante. 


 Le journal Le 1 – Cet hebdomadaire, créé par Eric Fottorino, m'a conquise. Ce journal revient, chaque semaine, sur un sujet d'actualité et l'étudie à travers plusieurs regards : artistes, chercheurs, politiciens … Dans notre société, tout va vite, on passe d'un événement à un autre sans toujours les comprendre. Avec Le 1, je prends mon temps, je m'arrête, et je réfléchis à un sujet. Pourtant, ça n'avait pas très bien commencé entre Le 1 et moi. Je l'ai découvert avec le numéro sur le lobbying, pour mon mémoire. Et je n'ai pas été très satisfaite de l'analyse qui en a été faite. Mais j'ai tout de même lu le numéro sur Emmanuel Macron et je l'ai beaucoup apprécié. Depuis je l'achète régulièrement. Si ça vous intéresse, vous pouvez recevoir un numéro gratuit en vous inscrivant sur le site, ici (http://le1hebdo.fr/boutique/recevez-un-numero-offert) Si vous ne comprenez pas toujours ce qui se passe autour de nous, ce journal est vraiment la bonne solution ! Les analyses, parfois contradictoires, des personnes interrogées nous encouragent à nous faire notre propre avis sur la question. Le 1 permet au lecteur de prendre le temps, tout en se lisant rapidement ! Un encadré nous propose également des lectures et des films/documentaires à voir pour aller plus loin.

Je vous conseille tout particulièrement le numéro du mercredi 9 décembre dont le titre est “C'est à nous d'agir”. En réaction aux scores du Front national au premier tour des élections régionales, l'équipe du journal nous montre qu'il ne faut pas désespérer. Des personnes se battent chaque jour pour défendre des causes qui leur sont chères. Ainsi, nombre d'associations se sont jointes à un mouvement lancé par Alexandre Jardin : le mouvement Bleu-Blanc-Zèbre. Qu'elles concernant la lecture, l'emploi, ou l'intégration des jeunes dans la vie active via le sport, ces associations rendent honneur à la fraternité. Ça fait un bien fou de lire quelques lignes sur ces associations et sur ce mouvement. Le message est clair : ne pas désespérer et se battre.


La Revue des deux mondes – Fondée en 1829, cette revue a une visée pluridisciplinaire : sciences politiques et sociales, histoire, littérature, philosophie … Elle propose des articles de fond écrits par des personnalités diverses. J'ai lu avec beaucoup d'intérêt les divers articles de deux numéros et j'en ai été très satisfaite. Les articles sont assez longs (une dizaine de pages en général) ce qui permet à son rédacteur d'approfondir les choses, de prendre le temps d'expliquer et ainsi d'éviter les raccourcis. Cette revue est parfaite lorsqu'on veut prendre le temps de comprendre les choses. Comme pour le journal Le 1, ce que j'apprécie, c'est que dans une société où tout va vite, la Revue des deux mondes permet de s'arrêter sur une question, d'y réfléchir, et de mieux en comprendre les enjeux. Seul ombre au tableau : elle coûte un peu cher mais si cette revue vous intéresse, vérifiez si elle est disponible dans votre bibliothèque municipale/universitaire.



J'espère que cette chronique vous a plu. Et vous, quels sont les journaux, magazines et revues que vous aimez lire ?

samedi 24 octobre 2015

Le fin mot de l'Histoire de Thomas Snégaroff

Ils sont célèbres. Qu’ont-ils dit avant de mourir ? Le Fin mot de l’histoire est à l’origine une série de chroniques diffusées pendant l’été sur France Info. Jamais anodines, souvent émouvantes, parfois grinçantes, ces ultimes paroles mises en scène par la plume alerte de Thomas Snégaroff sont autant de courtes biographies. De John F. Kennedy à John Lennon en passant par Marie Curie, Martin Luther King et Édith Piaf, on s’instruit, on sourit, on s’étonne en traversant l’histoire du XXe siècle.

J'adore les anecdotes, les petits détails de l'Histoire que l'on rencontre au fil des lectures ou des discussions. Alors, quand j'ai vu que je pouvais recevoir cet ouvrage, je n'ai pas hésité. On y rencontre des personnalités ayant marqué le XXe siècle dans de nombreux domaines : littérature, danse, peinture, politique, sciences, théâtre, musique...et une particularité qui m'a beaucoup plu : deux personnages de fiction sont évoqués dans ces pages, Dark Vador et Citizen Kane.

On sent, à la lecture, que ces anecdotes étaient d'abord destinées à la radio. Les chroniques sont courtes, cinq pages environ au cours desquelles l'auteur revient rapidement sur la vie et/ou la carrière du personnage puis sur les circonstances de sa mort, et ses derniers mots. C'est un point positif, car on apprend des choses dans un temps assez court (à nous après de lire d'autres informations si on veut en savoir plus), et ça permet d'avoir une vision d'ensemble de la vie d'un personnage historique. Mais c'est aussi un point négatif dans le sens où parfois, on peut avoir du mal à suivre le déroulement de l'exposé.

Le dernier chapitre, intitulé “En guise de conclusion”, est pour moi le point fort du livre : l'auteur met à jour les liens qui unissent toutes les personnes évoquées. J'ai eu quelques moments de révélation. (“Mais... tout est lié !!!”)

Dans l'ensemble ce fut une lecture très agréable. Je ne l'ai pas lu d'une traite. J'ai préféré lire un ou deux chapitres par-ci par-là, quand j'avais cinq minutes devant moi avant de faire autre chose. J'ai appris plein de choses, et c'est bien une bonne raison pour vous conseiller ce livre si comme moi vous aimez les anecdotes. Et il y a quelques pages sur Marcel Proust, donc c'est un livre bien (argument ultime).

Je dis donc un grand merci à l'équipe de Babelio et aux éditions Tallandier, grâce à qui j'ai pu lire ce livre dans le cadre de l'opération Masse critiques.



samedi 31 janvier 2015

"En réalité, Poutine est tout et son contraire"

Le mois de janvier est à la fois passé vite et trop lentement. Entre les révisions et les partiels, je n'ai pas vu le temps passer, mais les heures ne se sont parfois écoulées que trop lentement. Ma dernière épreuve s'est déroulée le vendredi 30 janvier et c'est parti pour un nouveau semestre dès lundi. J'ai quand même eu le temps de lire (un peu), durant mes quelques pauses.

Une biographie sur Vladimir Poutine : je trouvais cela audacieux et bien sûr ma curiosité m'a poussée à l'acheter. Je suis passionnée par la Russie, c'est pourquoi je lis tout ce que je peux trouver sur ce pays. Poutine est une personnalité énigmatique qui m'intrigue beaucoup. Il a un charisme assez fou : il dégage une image assez inquiétante à mes yeux, et en même temps il exerce une attraction que je ne saurais expliquer. Quant à Vladimir Fédorovski, c'est l'un des auteurs russes les plus édités en France. Ancien diplomate, ayant écrit une multitude de livres sur la Russie, je lui faisais confiance pour cette biographie. J'ai profité du salon du livre historique organisé tous les ans en novembre à l'hôtel de ville de Versailles pour acheter ce livre et avoir une dédicace de l'auteur. J'avoue être déçue de cette rencontre : une file d'attente impressionnante pour cette personnalité, ce qui fait qu'il n'avait pas beaucoup de temps à consacrer à chaque lecteur. Une signature, deux trois mots, et hop, au suivant. A l'inverse, j'ai eu l'occasion de rencontrer des historiens peu connus et d'avoir de vrais échanges avec eux. A l'avenir, je pense que je privilégierai ces auteurs moins connus du grand public qui ont tout autant de choses à nous apprendre.

Mais j'avais toujours très envie de lire cette biographie. Sur Poutine, on dit tout et n'importe quoi. Je pensais apprendre une multitude de choses sur lui. Et disons-le tout de suite : je suis déçue. Fédorovski est un très bon conteur : il a bien placé le contexte de la Russie, des débuts de Poutine à aujourd'hui. Le souci, c'est qu'il s'est peut-être un peu trop concentré sur ce contexte. Ce livre est bien si on veut connaitre l'histoire de la Russie, de la fin de l'URSS à aujourd'hui. Mais à certains moments, Poutine n'apparaissait que comme un figurant. Bien sûr, j'ai appris des choses, mais pas autant que je l'aurais souhaité. J'avais regardé il y a quelques mois un reportage sur Poutine : disons que ce livre m'a apporté quelques précisions, mais pas de grandes révélations. Pourtant, un reportage d'une heure ne peut pas tout dire. Je pensais que cette biographie serait beaucoup plus complète.

Certes, écrire une biographie d'une personnalité contemporaine, ce n'est pas la même chose qu'écrire une biographie d'une personne d'un autre siècle. J'aime beaucoup lire des biographies. La première que j'ai lue, c'était sur Marie-Antoinette. Puis il y a eu Anne d'Autriche, Nicolas Fouquet, et ma préférée, celle que j'ai adorée, la biographie de Pierre Milza sur Napoléon III. Peut-être en attendais-je trop de Fédorovski, je le reconnais. On ne peut pas tout dire sur Poutine, on ne peut pas révéler tous ses secrets. Et avoir des documents sur lui doit être difficile. Mais dans ce cas-là, pourquoi faire une biographie, pourquoi dire en quatrième de couverture qu'on va “éclairer les zones d'ombre de ce personnage complexe” ?


J'ai eu droit au récit de la chute de l'URSS en détail. Mais Poutine, dans tout cela ? Quelques explications sur sa vie privée. Mais pas de témoignages sur lui, sur son caractère, sur qui il est. Et si le contexte prend trop de place au début de livre, à la fin, c'est l'inverse : pas un mot sur la Géorgie et les événements de 2008... Et la fin, c'était des informations sur la société russe, avec des passages qui disaient, plus ou moins : “Poutine n'a pas tout à fait tort” voire “il a raison”. Fédorovski passe beaucoup de temps à dire ce que devraient faire “les Occidentaux”. “Vous ne devriez pas faire ça … Pas agir comme cela”. On sent la pensée du diplomate qui, malheureusement, ne s'est pas effacée derrière la personnalité qui aurait dû être au centre de cette biographie. Il s'exprime parfois à la première personne, signe évident de sa non-disparition. En soi, les réflexions qu'il apporte sur le contexte actuel et sur la société russe sont intéressantes, mais elles n'ont pas leur place dans cette biographie : ces réflexions ne sont pas objectives et elles visent clairement à influencer le lecteur. Ces réflexions ne disent pas ce que pense Poutine ou ce qu'il fait, elles disent ce que nous devrions faire. Cela m'a beaucoup gênée.

Vous l'aurez compris, je suis déçue par cette biographie. J'en attendais plus, peut-être trop. Mais cela ne veut pas dire que je ne lirai plus Fédorovski. Il est tout de même assez plaisant à lire, et je suis sûre que dans tous les livres qu'il a écrits sur la Russie, il y en a qui me plairont.

Pour le salon du livre historique de Versailles, je vous invite à aller voir ce site. C'est un salon qui permet de rencontrer les auteurs des derniers livres publiés, aux sujets divers et variés. Toutes les époques sont représentées. C'était la troisième année que j'y allais. En trois ans, j'ai pu rencontrer Stéphane Bern et Franck Ferrand, Jean-Christian Petitfils, Philippe Charlier, Hélène Carrère d'Encausse, Pierre Milza, Evelyne Lever, et des auteurs moins connus comme une professeur de l'université de Lille, spécialiste de l'histoire de la Russie, qui avait écrit un livre (passionnant) sur les Français à Moscou en 1812. Outre les séances de dédicaces, il y a des conférences et des cafés-débats. C'est un rendez-vous plaisant pour tous les amoureux de l'Histoire. C'est l'occasion de rencontrer des auteurs que l'on admire mais aussi de faire de belles découvertes.



lundi 17 novembre 2014

"M. de Guermantes rentra, et bientôt sa femme, toute prête, haute et superbe dans une robe de satin rouge dont la jupe était bordée de paillettes. Elle avait dans les cheveux une grande plume d’autruche teinte de pourpre et sur les épaules une écharpe de tulle du même rouge."

Ce n'est parce que je ne lis pas de roman en ce moment que ne m'intéresse pas à l'actualité littéraire. Je voulais vous parler ici d'une émission de radio que j'aime beaucoup : Au coeur de l'histoire, animée par Franck Ferrand sur Europe 1. Ce n'est un secret pour personne que la littérature et l'histoire sont étroitement liées, alors il arrive régulièrement que Franck Ferrand aborde un sujet lié à la littérature.

C'était le cas il y a quelques jours avec l'émission sur la comtesse Greffulhe. Son nom ne vous dit peut-être rien, et pourtant les lecteurs de Marcel Proust la connaissent très bien : elle a en effet inspiré l'auteur de la Recherche pour un personnage important : la duchesse de Guermantes. Il se trouve que Laure Hillerin a écrit une biographie sur cette comtesse : La comtesse Greffulhe, l'ombre des Guermantes.

L'émission m'a donné envie de courir acheter cette biographie. Franck Ferrand a un talent de conteur, c'est incontestable. Il commence par lire un extrait de la Recherche, une description de la duchesse de Guermantes, et me voilà transportée dans le Paris de la Belle époque. La comtesse Greffulhe est issue d'une grande famille belge (les Caraman-Chimay) et d'une famille de l'aristocratie française (les Montesquiou). Marcel Proust, proche de Robert de Montesquiou, le cousin de la comtesse, est amené à la rencontrer et il tombe sous son charme. En faisant des recherches pour la biographie, Laure Hillerin a trouvé un document que l'on pensait perdu : un article que Marcel Proust avait écrit sur la comtesse mais qui n'avait jamais été publié. Et en écoutant l'émission, j'ai compris pourquoi Marcel aimait tant cette femme. Toujours élégante et aimant l'originalité (le Palais Galliera fera une exposition sur ses tenues), elle faisait toujours sensation lors des réceptions. Elle aimait la musique, la littérature, l'art en général et aimait promouvoir des artistes. Elle adorait Wagner quand personne ne voulait l'écouter. Elle s'intéresse même à la science. Tient salon. Et réunit ainsi des hommes politiques de la IIIe République avec des aristocrates (alors même que leurs opinions divergent complètement). La comtesse peut même se vanter de recevoir des rois lors de ses réceptions. 

Cette biographie écrite par Laure Hillerin fait donc partie des livres que je veux acheter ! Évidemment, quand ça concerne Marcel Proust, je craque. Mais cette comtesse a eu une vie passionnante et j'aimerais la découvrir.
C'est pour ça que j'aime tant cette émission de Franck Ferrand. Il aborde des sujets très variés, s'intéresse à toutes les époques, et me fait découvrir chaque fois de nouvelles choses. C'est un petit trésor pour les curieux, et le format court (50 min environ) me permet d'écouter l'émission dès que j'ai un peu de temps. 

Je vous laisse le lien menant à cette émission, que vous pouvez télécharger : La comtesse Greffulhe, l'égérie de Marcel Proust



Je ne résiste pas à l'envie de vous montrer les photos que j'avais prises de sa cape, présentée lors de l'exposition Paris 1900 (au Petit Palais à Paris).













Un livre pour tous les lecteurs de Marcel Proust !

lundi 1 septembre 2014

L'Elysée, coulisses et secrets d'un palais - Patrice Duhamel et Jacques Santamaria

Le Palais de l’Élysée est l'un des symboles de la République française, lieu qui abrite le pouvoir et où se prennent des décisions importantes. Pourtant, ce palais a appartenu, entre autres, à la marquise de Pompadour, à Joachim Murat puis à Napoléon, avant d'accueillir le premier président de la République, Louis-Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III. Le Palais de l’Élysée est empreint de symboles monarchiques, impériaux et républicains, curieux mélange de ce qu'a connu la France depuis le XVIIIe siècle.

Patrice Duhamel et Jacques Santamaria nous proposent une visite ludique de ce lieu de pouvoir, et nous permettent de plonger au cœur de la prise de décision, comme si nous étions de petites souris capables de passer sous les portes pour découvrir ce que l'on nous cache. C'est sous la forme d'un glossaire que les deux auteurs offrent aux curieux (comme moi) une excursion au cœur du 55, faubourg Saint-Honoré. Le lecteur a ainsi le droit à une description des différentes pièces du palais, comme le Salon Doré, ou le Salon Murat qui accueille le Conseil des ministres tous les mercredi. On visite les jardins, on fait une pause dans la cour d'honneur et au fil de notre promenade, on découvre les cuisines ou encore les caves. Chaque pièce a droit à son anecdote, sur un ton plus ou moins léger en fonction des circonstances. D'ailleurs, on rencontre les présidents durant notre visite : pour chacun d'entre eux, une rapide biographie et des explications sur leur arrivée au pouvoir, leur avis sur le Palais, leurs paroles et leurs actes. De Louis-Napoléon Bonaparte à François Hollande, de la IIe République à la Ve, on voyage au cours du temps et on apprend quel a été l'impact de chacun sur le pays et sur le palais. Les premières dames ne sont pas en reste, ayant elles aussi chacune droit à une petite biographie. Loin des biographies “officielles” que l'on peut lire ici et là, on les découvre, ces hommes et ces femmes, humains avant tout car on les voit sous un autre jour.

Le glossaire nous montre également les événements qui ponctuent l'exercice du pouvoir, et nous propose des explications sur le fonctionnement des institutions. Allocutions, Cohabitation, Conseil des ministres, Domaine réservé, Premier ministre, Vœux télévisés, sont quelques exemples des exposés rencontrés durant ma lecture. Mais on a le droit aussi à des entrées plus originales, comme “Canards”, “Couturiers”, “Double vie”, “Lectures”, “Mariage”, ou encore “SMS” et “Week-end”.

On lit ce livre comme on veut, dans l'ordre, de A à Z (ou à W en l’occurrence), ou en piochant quelques explications ici et là. On peut passer des mots ou faire des lectures thématiques. C'est à la fois léger, drôle et instructif, on apprend en s'amusant et on (re)découvre l'histoire de nos institutions. Une visite guidée maîtrisée et ludique dans un palais dont l'histoire s'écrit encore sous nos yeux.