Mon perfectionnisme a joué
contre moi. J'avais prévu de vous faire des chroniques développées
sur mes lectures, de vous mettre des extraits, de vous parler de
certains passages, des personnages, mais j'ai retardé, et
maintenant je n'ai plus le temps. De demain jusqu'au premier août,
je ne pourrai pas vous faire de chronique pour cause de vacances sans
internet, et je préfère vous parler de mes lectures maintenant
plutôt que de retarder mes billets encore et encore. Ce seront donc
de courts avis qui j'espère vous plairont quand même.
J'ai commencé le mois de
juillet avec le roman Le Cercle Pouchkine de Simon Montefiore.
Nous sommes à Moscou en 1945. Andreï est un lycéen, fils d'un
exilé qui a jeté l'opprobre sur sa famille. Avec sa mère, Andreï
a été autorisé à revenir vivre à Moscou et à intégrer le lycée
de l'élite moscovite. Dans ce lycée, il va être amené à côtoyer
les enfants des dirigeants du Parti et des enfants de célébrités.
Parmi ces élèves, Serafima attire son attention. Très vite, les
amis de la jeune fille vont proposer à Andreï de faire partie du
Cercle Pouchkine. Difficile de ne pas penser au Cercle des poètes
disparus quand on suit ces jeunes Moscovites en quête d'un amour
absolu. Eux aussi admirent leur professeur de littérature, un ancien
exilé qui leur fait étudier le roman Eugène Oenéguine.
Mais alors, comment deux des membres du Cercle ont-ils pu trouver la
mort alors que la fête célébrant la victoire sur les Nazis battait
son plein ? C'est sur cette scène que s'ouvre le roman : deux
lycéens tués. S'ensuit une enquête pour déterminer quelles ont
été les conditions de ce terrible accident, enquête qui très vite
sera dirigée par le Parti lui-même. Alors que ces lycéens ne
prenaient ce cercle que pour un jeu, ils vont se trouver entrainés
dans une spirale infernale aux conséquences tragiques. En URSS, la
vie privée concerne avant tout le pouvoir politique. Le moindre
détail de la vie de famille de ces élèves peut être retenu contre
eux et contre leurs parents. C'est un roman palpitant qui nous
entraine des quartiers chics de la capitale à la Loubianka, siège
de la police secrète où sont menés les interrogatoires. Nous
découvrons l'élite moscovite et son mode de vie, tout en mettant à
jour les secrets bien enfouis de ces familles qui sont en apparence
bien sous tous rapports. En bref, un roman rythmé et fluide, sans
temps mort, avec des sentiments, des luttes politiques et une enquête
policière. Une très bonne lecture.
J'ai poursuivi avec Rebecca
de Daphné du Maurier. J'ai beaucoup entendu parler de ce roman ces
derniers temps, notamment par le biais d'Albin Michel qui en propose
une nouvelle traduction, et par le fait que Tatiana de Rosnay ait
écrit une biographie de Daphné du Maurier. Saleanndre avait écrit
une chronique très élogieuse de Rebecca, alors, quand j'ai
vu ce roman dans une vente organisée par la bibliothèque de ma
ville, je n'ai pas hésité. J'ai tout de suite été happée par le
ton mélancolique emprunté par la narratrice qui se souvient de
Manderley. Les descriptions sont poétiques et font appel à tous nos
sens, nous donnant l'impression de nous promener en compagnie des
personnages. A aucun moment il n'est fait mention du prénom de la
narratrice, et c'est l'un des éléments qui posent la question de
l'identité. La narratrice ne cesse en effet de se comparer à
Rebecca, l'ex épouse, défunte, de Max de Winter, son mari. Toutes
les personnes qu'elle rencontre semblent avoir apprécié Rebecca, ce
qui pousse la narratrice à croire que son mari avait été fou
amoureux de la défunte. La narratrice, timide, maladroite, et peu
sûre d'elle, attire la sympathie mais il y a des moments où elle
m'a franchement agacée, notamment lorsqu'elle tombe dans des pièges
qui sont prévisibles. Cela ne m'a pas empêchée d'apprécier ma
lecture. Ce roman m'a plu, mais il m'a manqué quelque chose. Après
avoir lu tant d'éloges, je m'attendais à plus. J'ai surtout aimé
le style, mais en ce qui concerne l'intrigue, je suis restée sur ma
faim.
Ensuite, direction le Paris du
XIXe siècle avec le roman Son Excellence Eugène Rougon d’Émile Zola. L'un de mes objectifs est de lire tous les
Rougon-Macquart. J'ai découvert Zola en classe de Seconde, lorsque
j'ai dû lire L'Assommoir. Grand coup de coeur. J'ai lu par la
suite Au bonheur des dames, Nana, La bête humaine
et La Fortune des Rougon. Le milieu mis en avant dans Son
Excellence Eugène Rougon est celui de la politique. Le roman
s'ouvre sur une séance à l'Assemblée, et il se ferme sur une scène
qui se passe au même endroit. Entre ces deux moments, cinq ans se
déroulent sous les yeux du lecteur. Eugène Rougon est le président
du Conseil d’État, mais il décide de démissionner. Est-ce sa
décision ou l'a-t-il voulu ? Même les membres du petit groupe qui
gravite autour de lui ne le savent pas. Eugène Rougon n'est rien
sans les membres de ce groupe, sa “bande”, comme ils s'appellent.
Cette bande d'amis-intéressés est hétéroclite : on y trouve trois
députés, deux couples de Plassans, d'où est originaire Eugène,
une femme qui le logeait lorsqu'il n'avait pas un sou en poche et
qu'il prenait part aux révoltes, un ancien compagnon des coups
tordus, et une jeune femme, Clorinde, une Italienne à l'allure
fantasque et aux habitudes bien étranges. Tous ces personnages
gravitent autour d'Eugène comme des satellites autour d'une planète.
Ils se servent de lui pour avoir des privilèges tout en lui
rappelant que sans eux, il ne serait rien. Ce sont les luttes
d'influence qui sont ici mises en avant, dénonçant l'entourage de
l'Empereur Napoléon III. On complote, on trahit, ou on met en avant
ses amis, tout cela dépendant des circonstances. Les hommes semblent
mener le jeu mais les femmes redoublent de talent pour les faire agir
comme elles le souhaitent. L'intrigue évolue au rythme des
événements du Second Empire : le baptême du prince impérial et
l'attentat devant le théâtre de l'Odéon entre autres. On suit
aussi la cour impérial aux châteaux de Compiègne et des Tuileries.
Tous ces éléments nous font plonger dans l'Histoire. Ce n'est pas
le livre de Zola que je recommanderais en premier, mais c'est un
volume dont j'ai apprécié la lecture.
Enfin, le dernier livre que je
vous présente se déroule aussi dans le Paris du XIXe siècle, mais
cette fois sous la IIIe République. C'est Bel Ami de
Maupassant. Georges Duroy, ancien officier sans le sou, ne manque pas
d'ambition. Il parvient à travailler dans un journal grâce à un
ancien ami retrouvé par hasard dans la rue. Ce roman d'apprentissage
peut rappeler Le père Goriot de Balzac, L’Éducation
sentimentale de Flaubert ou encore Le rouge et le noir de
Stendhal. Georges entreprend son ascension sociale en séduisant les
femmes. Les principales d'entre elles représentent chacune une
période de la vie d'une femme et une condition sociale. Chaque
nouvelle femme séduite représente un nouveau barreau de l'échelle,
jusqu'à la consécration finale. Mais ce sont aussi des événements
de la vie politique qui permettent à Bel Ami d'évoluer, pas à pas.
C'est avec plaisir qu'on suit les aventures de ce personnage, portées
par la plume de Maupassant et son talent indéniable de conteur. (un intrus s'est glissé sur la photo).
Je ne peux pas vous dire quels
livres je vais emmener avec moi parce que je n'en ai aucune idée.
Vous aurez la surprise à mon retour. En espérant vous avoir donné
envie de découvrir les lectures qui ont ponctué le début de mes
vacances, je vous souhaite un bel été et plein de découvertes
littéraires.
Toujours des russes :P
RépondreSupprimerLe Cercle Pouchkine a l'air vraiment intéressant ! Bonnes vacances ^^
Décidément, tu me donnes envie de découvrir la Russie en lecture. Je note "Le cercle Pouchkine" et me lancerai donc dans cette totale découverte.
RépondreSupprimerJ'ai lu "Rebecca" il y a très peu et découvert par la même occasion la plume de l'auteur. Je suis d'accord avec toi pour la narration mélancolique et le prénom de la narratrice qui m'a frappé puisqu'il n'est jamais mentionné. C'est dommage que tu reste sur ta faim mais je me dis toujours que l'orsque l'on entend trop parler d'un livre, cela gâche un peu le plaisir car on s'attend à un coup de coeur. Heureusement pour moi, cela ne l'a pas fait avec "Rebecca". Tu comptes lire ses autres oeuvres ? C'est le projet que je me suis fixé après la lecture de ce roman.
Heureuse que le roman de Zola t'aies plu, le thème coïncide ainsi avec tes études. Les amis de Rougon sont très très intéressés, ce qui peut être agaçant pour lui car du coup il n'a pas de vrais amis.
Je garde un bon souvenir de "Bel-ami", d'autant plus qu'il réunissait deux sujets que j'apprécie : le XIXème siècle (pour l'écriture) et le journalisme.
En somme tu as fait de belles lectures, un peu moins avec "Rebecca" peut-être. J'ai hâte de voir ce que tu liras ensuite ;-)
@Temps H -> Oui les Russes, encore et toujours ! Merci **
RépondreSupprimer@LeSalon DesLettres -> Je suis contente de te donner envie de lire des livres sur la Russie :) Le Cercle Pouchkine pourrait te plaire !
En effet, le fait d'avoir entendu tant d'éloges sur Rebecca a sûrement gâché ma lecture dans le sens où j'en attendais toujours plus durant ma lecture. Je lirai peut-être d'autres romans de Daphné du Maurier mais pas dans l'immédiat. Si tu en lis avant moi je verrai ce que tu en dis :)
C'est assez effrayant de voir que Rougon se retrouve seul du jour au lendemain quand ça ne va pas dans sa carrière. Il ne s'appartient même plus, il est poussé malgré lui vers le pouvoir et quand il ne fait plus l'affaire, on pousse un autre personnage. J'ai été surprise par le schéma narratif qui est en forme cyclique. Je ne m'attendais pas à cette fin et du coup c'était agréable. On s'attend à ce que la fin soit désastreuse pour le personnage principal, et là ce n'était pas le cas.
Le premier me tente beaucoup. J'aime beaucoup les histoires qui se passent en Russie ! Et Rebecca, un grand classique ! J'adore !
RépondreSupprimerJe te recommande Le Cercle Pouchkine alors ! C'est un roman très agréable à lire :) Rebecca n'a pas été un coup de coeur, j'ai été un peu déçue, mais je suis contente de l'avoir lu.
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