Après une longue absence, je suis de retour, mais sur une autre plateforme. J'avais envie de changement et j'en ai profité pour prendre un nom de blog qui corresponde plus à ce que j'ai envie de faire. Vous pourrez voir une première chronique sur une exposition. Mettre en forme mon nouveau blog me prend du temps mais promis, je viens vous rendre visite sur vos blogs prochainement !
www.vagueculturelle.wordpress.com
dimanche 17 avril 2016
samedi 5 mars 2016
Le maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov
En entrant dans une librairie, il y a quelques semaines, j'avais l'intention d'acheter L'Idiot de Dostoievski. Je suis sortie avec Le maître et Marguerite. J'avais déjà entendu parler de Boulgakov, sans vraiment m'intéresser à son oeuvre. Mais en lisant la quatrième de couverture, je n'ai pas hésité une seconde. Il faut dire que l'histoire de ce texte est particulière. L'écrivain a mis 12 ans à écrire ce roman, entre 1927 et 1939. Il subit alors la dictature stalinienne : personne ne veut jouer ses pièces, on ne reconnait pas ses écrits. Il supporte difficilement le climat de peur et de suspicion instauré par Staline. Boulgakov a passé 12 ans de sa vie à écrire ce roman, et il ne sera plus de ce monde lorsque son texte sera publié dans les années 1960. Le livre a d'abord été publié avec des textes censurés. Les textes supprimés, qui figurent à nouveau dans le roman, étaient entre crochets dans mon édition. C'était très intéressant de voir quels passages la censure avait supprimés car sont ainsi mis en avant les passages considérés comme subversifs. Et de tels passages, il y en a beaucoup ! Imaginez : Satan en personne vient visiter Moscou. Inutile de se demander si cela pouvait plaire à Staline …
La première partie du roman se
concentre sur les victimes du Diable, connu sous les traits d'un mage
noir étranger répondant au nom de Woland. Tout part d'une
conversation entre Berlioz, rédacteur en chef d'une revue littéraire
et président d'une association littéraire de Moscou, et Biezdomny,
un jeune poète. Berlioz, athée, veut montrer au poète que Jésus
n'a jamais existé. Les deux hommes sont interrompus par un homme, un
étranger (Satan). Celui-ci, tenant à leur prouver l'existence de
Jésus, leur raconte une histoire : celle de Ponce Pilate. Dès lors,
différents chapitres narrant la condamnation de Yeshoua Ha-Nozri par
Ponce Pilate ponctuent le récit. A Moscou, des situations absurdes
et fantastiques vont rendre fous les habitants tandis que les
chapitres se déroulant à Jérusalem sont réalistes. Les deux
genres narratifs se succèdent et s'opposent pour ne se réunir qu'à
la fin du roman.
La deuxième partie du récit se
concentre sur Marguerite, amoureuse du Maître, un écrivain maudit
(à l'image de Boulgakov ?) qui, elle ne le sait pas, vit désormais
dans un hôpital psychiatrique. Marguerite est prête à tout pour le
retrouver, à tout... même à donner son âme au Diable. Elle
parvient à pénétrer dans le cercle de Woland et découvre de bien
étranges personnages et notamment Fahoth, qui se faisait auparavant
passer pour l'interprète du mage noir, et Béhémoth, un énorme
chat se comportant comme un homme. Dans la première partie, ces
étranges personnages avaient rendu fous les Moscovites. Leurs
victimes partagent une caractéristique commune : ils profitent du
système stalinien. Pourtant, en compagnie de Marguerite, les
compagnons de Satan se révèlent être espiègles et charmeurs.
Le Maître, quant à lui, vit dans
un hôpîtal psychiatrique depuis qu'il a voulu publier son roman sur
Ponce Pilate, déclenchant la foudre de la société. Il ne veut plus
voir Marguerite car sait très bien qu'elle sera malheureuse avec
lui. Elle a tout pour être satisfaite de sa vie : elle est mariée,
sans être amoureuse de son époux certes mais il est gentil avec
elle. Ensemble, ils ont le privilège de vivre dans un appartement
sans devoir le partager. Mais elle ne peut oublier le Maître.
Devenue sorcière, elle se venge de ceux qui ont fait du mal à celui
qu'elle aime et en éprouve une joie intense.
Jérusalem subit la foudre divine
après la mort de Yeshoua Ha-Nozri, condamné par Ponce Pilate.
Moscou voit des incendies se déclarer un peu partout après le
passage des deux accolytes Fahoth et Behemoth. Et pourtant, après
toutes ces aventures, on ne sait pas très bien si Satan fait le mal
ou le bien. Cette perte de repère est la conséquence de la
dictature de Staline : comment savoir que le Mal est là quand le Mal
y est déjà ? Qui de Staline ou de Satan est le pire ?
Paradoxalement, Woland et ses amis apportent de la vie dans une
Moscou endormie, dans une ville où la peur règne.
Ce roman est une réécriture de
Faust et s'ouvre par un petit extrait du Faust de
Goethe :
“-Qui es-tu donc, à la fin ?-Je suis une partie de cette force qui, éternellement, veut le mal, et qui, éternellement, accomplit le bien”.
Les repères sont brouillés.
Sommes-nous dans le réel ? Tout cela est-il inventé ? Les
Moscovites sont-ils devenus fous ? Ou ont-ils réellement vu le
Diable ? Et ce qu'accomplit Satan, est-ce si mal que ça ? Fait-il le
bien ou le mal ? Il n'y a qu'une chose dont ne doutent pas un instant
le Maître et Marguerite, c'est de leur amour.
“Elle portait un bouquert d'abominables, d'inquiétantes fleurs jaunes. Le diable sait comment elles s'appellent, mais je ne sais pourquoi, ce sont toujours les premières que l'on voit à Moscou. Et ces fleurs se détachaient avec une singulière netteté sur son léger manteau noir. Elle portait des fleurs jaunes ! Vilaine couleur. Elle allait quitter le boulevard de Tver pour prendre une petite rue, quand elle se retourna. Vous connaissez le boulevard de Tver, n'est-ce pas ? Des milliers de gens y circulaient, mais je vous jure que c'est sur moi, sur moi seul que son regard se posa – un regard anxieux, plus qu'anxieux même – comme noyé de douleur. Et je fus moins frappé par sa beauté que par l'étrange, l'inconcevable solitude qui se lisait dans ses yeux ! Obéissant à ce signal jaune, je tournai moi aussi dans la petite rue, et suivis ses pas. C'était une rue tortueuse et triste, et nous la suivions en silence, moi d'un côté, elle de l'autre. Et remarquez qu'à part nous, il n'y avait pas une âme dans cette rue. L'idée que je devais absolument lui parler me tourmentait, car j'avais l'angoissante impression que je serais incapable de proférer une parole, et qu'elle allait disparaître, et que je ne la verrais plus jamais. Et voilà qu'elle me dit tout d'un coup :“-Mes fleurs vous plaisent-elles ?“Je me rappelle distinctement le timbre de sa voix, une voix assez basse, mais qui se brisait par instants, et – si bête que cela paraisse – il me semblait que l'écho s'en répercutait sur la surface malpropre des murailles jaunes et roulait tout au long de la rue. Je traversai rapidement la chaussée et, m'approchant d'elle, je répondis :“-Non.“Elle me regarda avec étonnement, et je compris tout d'un coup – et de la manière la plus inattendue – que depuis toujours je l'aimais, j'aimais cette femme ! Quelle histoire, hein ? Naturellement, vous allez dire que je suis fou ?[…]- Oui, elle me regarda avec étonnement, puis au bout d'un moment, elle me demanda :“ - Vous n'aimez pas les fleurs ?Je crus déceler dans sa voix une certaine hostilité. Je marchais maintenant à côté d'elle, m'efforçant d'adapter mon pas au sien, et à mon propre étonnement, je ne me sentais aucunement embarrassé.“- Si, j'aime les fleurs, dis-je, mais pas celles-ci.“- Lesquelles, alors ?“- J'aime les roses.“Je regrettai immédiatement mes paroles, car elle sourit d'un air coupable et jeta son bouquet dans le caniveau. Je restai un instant déconcerté par son geste, puis je ramassai le bouquet et le lui tendis, mais elle le repoussa avec un sourire amusé, et je le gardai à la main.Nous marchâmes ainsi quelque temps en silence. Puis tout à coup, elle me prit les fleurs des mains, les jeta sur la chaussée, glissa sa main gantée de noir dans la mienne, et nous nous remîmes en route côte à côte.[…]L'amour surgit devant nous comme surgit de terre l'assassin au coin d'une ruelle obscure, et nous frappa tous deux d'un coup. Ainsi frappe la foudre, ainsi frappe le poignard ! Elle affirma d'ailleurs par la suite que les choses ne s'étaient pas passées ainsi, puisque nous nous aimions, évidemment, depuis très longtemps, depuis toujours, sans nous connaître, sans nous être jamais vus, et qu'elle-même vivait avec un autre homme.[…]Oui, l'amour nous frappa comme l'éclair. Je le sus le jour même, une heure plus tard, quand nous nous retrouvâmes, sans avoir vu aucune des rues où nous étions passés, sur les quais, au pied des murailles du Kremlin.”
Tour à tour réflexion politique,
roman fantastique et roman d'amour, Le Maître et Marguerite
illustre par l'absurde les travers d'une société gangrenée par la
peur. Qui doit-on craindre le plus ? Satan ? Staline ? Ou son propre
voisin ?
Et parmi tout ce désespoir,
surgit l'amour. L'amour reste possible, et la création aussi. Car
c'est bien l'amour qui va permettre au Maître de terminer son roman
sur Ponce Pilate. Une manière de montrer que l'art finit toujours
par l'emporter, malgré les chaînes qu'on lui impose.
Ce roman m'a surprise, et c'est ce
que j'aime, quand je lis un livre. Être surprise, réfléchir, me
poser des questions. Ai-je bien tout compris ? Et la fin ? Qu'est-ce
que ça veut dire ? Le Maître et Marguerite est un roman
riche qui permet plusieurs interprétations et qui nous fait passer
par plusieurs émotions. On s'interroge, on sourit, on s'émeut. Et
on admire le talent de cet écrivain qui nous a laissé un chef d’œuvre comme testament.
samedi 20 février 2016
Rencontre entre blogueuses & Participation au jury d'un concours de nouvelles
Pas de chronique de livre
aujourd'hui mais un article où je vous parle de deux événements
qui ont marqué ma vie de blogueuse en moins d'une semaine.
Le samedi 13 février, j'ai
rencontré Armandine, du blog Le Salon des lettres. Nous avons visité
l'exposition “Volez, voguez, voyagez” organisée par Louis
Vuitton au Grand Palais. Nous avons passé deux heures dans cette
exposition. La scénographie était impressionnante et mettait bien
en avant les célèbres malles, tout en nous en mettant plein les
yeux. Cette rencontre a été l'occasion de faire mieux connaissance
avec Armandine mais aussi de parler blog et livres, bien sûr !
J'espère que j'aurai l'occasion de rencontrer d'autres blogueuses
car c'est vraiment agréable de pouvoir découvrir qui se cache
derrière l'écran. Armandine et moi avons d'ailleurs prévu de nous revoir.
Quelques photos de l'exposition. Les livres sont de...Proust ! |
Jeudi dernier (18 février), j'ai
fait partie du jury qui délibérait pour désigner les gagnants d'un
concours de nouvelles. Ce concours dont le thème était “Des
nouvelles pour voyager”, était organisé par les équipes
d'ePoints, Librinova et Babelio. J'ai eu la chance de faire partie du
jury grâce à Babelio (un grand merci à eux !). De décembre à
février j'ai dû lire 127 nouvelles et les noter. Ce fut une très
bonne expérience. Lire ces nouvelles m'a pris du temps mais à
chaque fois je plongeais dans les aventures que nous proposaient les
auteurs. J'ai eu quelques coups de cœur et trois de mes textes
préférés font partie des gagnants, mais je ne vous dirai rien de
plus car nous sommes tenus au secret jusqu'au 7 mars, alors chuuut !
La délibération a eu lieu sur un bateau, La Boudeuse, dont le
capitaine, Patrice Franceschi, nous a généreusement accueillis.
Autour de la table nous avons débattu mais les gagnants se sont
vites démarqués. Ce fut l'occasion de faire de jolies rencontres.
C'était la première fois que je
faisais partie d'un jury et ce fut une expérience enrichissante que
j'aimerais beaucoup renouveler si l'occasion se présente à nouveau.
(et puis il faut avouer que passer la soirée dans un trois-mâts qui
a fait le tour du monde, ça ne se refuse pas !).
Vous trouverez ici le compte rendu
réalisé par l'équipe de Librinova.
Un grand merci aux équipes de
Babelio, ePoints et Librinova pour cette très belle expérience !
dimanche 14 février 2016
Yolo Juliet de William Shakespeare et Brett Wright
Je viens aujourd'hui pour vous
parler d'un livre qu'une amie (Cécile, du blog Cécile Voyage) m'a
offert. Elle m'a confié avoir eu peur que je n'aime pas, mais elle a
fait un excellent choix. Ce livre, c'est Yolo Juliet. Ecrit
par Brett Wrigt, il reprend la très célèbre pièce de William
Shakespeare, Roméo et Juliette. Promis, je n'ai pas fait
exprès de publier mon avis sur ce livre un 14 février !
La particularité de ce livre est
que les personnages se parlent via messagerie
électronique/textos. Ils utilisent des expressions à la mode
aujourd'hui (comme le Yolo du titre – You only live once) et
des émoticônes pour exprimer leurs sentiments. L'histoire est bien
respectée (si si, je vous assure) et le tout est très très drôle.
Je l'ai lu en quelques heures et ai ri à toutes les pages. La
tension dramatique est brisée par les messages des personnages et
les émoticônes. L'auteur parvient très bien à transformer la
tragédie en comédie, tout en restant fidèle à l'intrigue. Les
codes des conversations électroniques sont bien présents (les
acronymes, les messages groupés, les statuts des réseaux sociaux,
les hashtags et les like...) et on se rend alors compte que nos
conversations, vues de l'extérieur, doivent être bien drôles.
J'ai adoré ce livre qui offre un
nouveau regard sur cette très célèbre histoire d'amour. Un regard
drôle et sans prétention. On s'amuse, et c'est le principal. Je
pense que ça peut être un bon moyen de faire découvrir les
classiques à des jeunes et de leur donner envie de découvrir
l'oeuvre originale. Ce genre de livre montre que ces oeuvres sont
intemporelles et peuvent parler à toutes les époques et sous toutes
les formes possibles. J'aime et j'approuve cette initiative ! J'ai
maintenant envie de lire d'autres pièces de Shakespeare pour
ensuite découvrir ces réécritures.
samedi 16 janvier 2016
Tag - Vivre avec ses livres
Bonjour à vous, amis lecteurs,
Aujourd'hui je réponds à un
tag qui date de...décembre. Mieux vaut tard que jamais, comme on
dit. C'est Saleanndre qui a imaginé ces questions et qui a pensé à
moi. Saleanndre, je te remercie. Je suis désolée d'avoir mis autant
de temps, mais voici mes réponses.
Forme,
couleur, senteur; vieux, neuf, d'occasion, cornés, ... les livres
sont tous différents, et donc uniques. Le même roman (et rien de
plus parlant qu'une salle de classe pour constater ça !) peut avoir
des couleurs, des odeurs, des formes différentes. Si le lecteur est
de ceux qui cornent les pages, s'il est de ceux qui le couvrent, le
protègent, le bichonnent ou au contraire le laissent traîner
raturé, vous n'aurez pas le même livre. Quel est votre genre alors
?
Sur
ce sujet, j'ai changé d'habitudes au fil des années. J'ai d'abord
été une lectrice qui sacralise les livres. Corner les pages ou
écrire dessus ? Sacrilège ! Je prêtais d'ailleurs très peu, voire
jamais, mes livres, et je me souviens encore de la personne qui fut
la première à qui j'ai prêté un livre. (c'est parce que je savais
qu'elle était comme moi). Ca a changé lorsque j'étais en prépa.
C'était plus pratique d'écrire certaines remarques directement sur
le livre (au crayon de bois bien sûr) et de marquer les pages à
retenir (que je cornais, donc). En deuxième année de prépa, mon
professeur de Français nous a montré que les livres n'étaient pas,
selon lui, des objets sacrés mais des objets du quotidien. A partir
de ce moment, je n'avais plus aucun scrupule à corner les pages et
je me souviens des gros yeux que faisait ma maman quand elle les
voyait. Désormais, j'utilise des petits post-it pour marquer les
pages importantes, ça évite d'abîmer les livres (et ça fait de la
couleur, c'est joli) et je n'écris plus sur les pages. Je prends
plus soin de mes livres qu'en prépa (sorte de retour à une
sacralisation du livre). Par contre, j'ai toujours aimé les vieux
livres que l'on trouve chez les bouquinistes ou dans des brocantes.
J'aime leur odeur et les souvenirs laissés par les lecteurs
précédents (des cartes postales, des remarques écrites ou des
messages adressés sur la page de garde). Assez paradoxalement,
j'aime autant avoir un livre tout beau tout neuf qu'un livre sur
lequel se lisent les effets du temps.
Les
livres sont nos compagnons de tous les jours. Comment les
traitons-nous ?
Fana de lecture que nous sommes, nous avons forcément
une manière bien personnelle de manipuler, poser, transporter et
lire nos livres au quotidien.
Je
pense avoir déjà répondu en partie dans la précédente question.
Je peux ajouter qu'en général, je les traite avec beaucoup
d'attention (à part dans ma période prépa, donc, même si à part
corner et écrire dessus, je faisais toujours attention à mes
précieux livres). Je pense que s'ils souffrent, c'est souvent
lorsque je les mets dans un sac pour me promener avec. Pas toujours
facile de transporter un livre avec toutes mes autres affaires. Mais
j'essaie de faire attention dans la mesure du possible. J'utilise un
marque-page pour ne pas laisser le livre ouvert par exemple.
Le
livre dans les transports
Toujours
! Je ne pourrais pas faire sans. Quand je prends le train, mon livre
du moment est indispensable, même s'il m'arrive de dormir tout au
long du trajet. Rien que de savoir que j'ai un livre sous la main me
rassure. Je suis par ailleurs souvent confrontée à des problèmes
de train (bon je ne vais pas être mauvaise langue, c'est vrai que
depuis que je prends le TGV ça va beaucoup mieux, mais quand je
prenais le TER deux fois par semaine, j'ai subi pas mal de problèmes
!). Au quotidien, les trajets en métro passent beaucoup plus vite
lorsque je suis plongée dans une histoire. J'en arrive presque
parfois à regretter que je sois déjà arrivée à ma station. Pour
ça, il me faut des livres en format poche, mais ça m'arrive de
prendre des livres en grand format et de les transporter dans un sac
plastique quand mon sac est trop petit (ou qu'il est déjà trop
rempli).
Livres
et activités du quotidien. Qui
n'a jamais eu envie de lire dans son bain ? de lire en marchant dans
la rue ? en faisant la vaisselle ? la cuisine ? à table ?
Quand
j'étais enfant et que ma mère m'achetait un livre quand nous
faisions les courses, je la suivais, le livre à la main, plongée
dans les premières pages de l'histoire. Mais ça posait quelques
soucis comme foncer dans quelqu'un ou perdre ma mère qui avait
changé de rayon. Depuis je ne lis plus en
marchant, je pense que j'aurais beaucoup de mal à me concentrer.
Lire dans mon bain, je n'ai jamais essayé, et je n'ai plus de
baignoire depuis quelques années, ça règle le problème. Je serais
bien incapable de lire en faisant la vaisselle ! Ça m'arrive de lire
en mangeant, sauf quand je lis un livre emprunté, j'ai trop peur de
le tacher.
Les
livres dans la maison
Où rangez-vous vos livres ?
Dans une bibliothèque ? Sur une pile par terre ? Et la poussière ?
Mes
livres sont à deux endroits différents : chez mes parents et dans
mon logement étudiant. Je laisse mes beaux livres chez mes parents,
les plus beaux sur une étagère où ils sont bien mis en avant (dont
l'un des volumes de la Recherche de la collection La Pléïade),
et les autres dans une armoire. Dans mon logement étudiant, c'est
plus problématique. Je n'ai pas d'étagère destinée à mes seuls
livres donc la plupart sont dans des cartons, sous mon bureau ou sous
mon clic-clac. Ils sont au moins à l'abri de la poussière. Je
profite des séjours que je passe chez mes parents pour ramener les
livres qui ne me serviront plus et ainsi faire de la place dans mon
logement.
Je
te remercie Saleanndre pour ces questions qui permettent d'en savoir
un peu plus sur les blogolecteurs. Je serais curieuse de les
réponses de Salon des Lettres et celles de RosesFactory !
Source de l'image : weheartit
samedi 2 janvier 2016
Bilan de l'année 2015
Bonjour à tous,
Tout d'abord, je vous souhaite une
excellente année, pleine de bonheur, de joie, d'amour, de réussite
et de découvertes littéraires et culturelles.
L'année dernière, je n'avais pas
fait de bilan mais je me suis dit “pourquoi pas” pour commencer
2016. En 2015, j'ai lu 37 livres (exactement le même nombre qu'en
2014 !). Je lirai peut-être 37 livres cette année aussi, qui sait.
En 2015, j'ai poursuivi ma lecture du Trône de fer. J'aime toujours autant cette saga passionnante et je suis très attachée à ses personnages. J'aimerais lire l'intégrale 4 cette année. J'ai aussi découvert T.R.Smith et sa trilogie Enfant 44, Kolyma et Agent 6. Une trilogie que j'ai lu en quelques semaines, plongée dans les aventures de Leo Demidov, un personnage mystérieux et ô combien attachant. Mais je crois que je peux décerner l'award du gros coup de l'année au roman de David Nicholls, Un jour. Le personnage féminin, Emma, m'a beaucoup émue et je me suis retrouvée en elle sur bien des points. J'espère lire d'autres livres du même auteur cette année.
Comme en 2014, j'ai poursuivi ma
lecture de A la recherche du temps perdu de Marcel Proust,
avec le volume Le côté de Guermantes. Je suis toujours
enchantée par la plume de Marcel, par son ironie mordante et par la
manière dont il sonde l'âme humaine. Prochain volume cet été !
Côté thrillers, j'ai dévoré Lafille du train de Paula Hawkins et Angor de Franck
Thilliez (c'est d'ailleurs mon dernier livre lu de 2015).
Enfin, 2015 a aussi été marquée
par la lecture de deux biographies de Pierre Brossolette, un homme
que j'admire beaucoup.
Le château de Compiègne |
Passons aux visites culturelles.
J'ai été touchée par les lettres d'amour présentée dans
l'exposition “Je n'ai rien à te dire sinon que je t'aime” duMusée des lettres et manuscrits. La visite du château de Compiègne
a été un enchantement pour la groupie de Napoléon III que je suis.
Mes yeux ont brillé devant les créations de Jean-Paul Gaultier au
Grand Palais et devant les livres de la bibliothèque Mazarine àl'Institut de France. Et que dire des tenues de la comtesse Greffülhe
au Palais Galliera (exposition toujours en cours d'ailleurs). Espérons que mes visites à venir m'enchanteront tout autant.
D'autant plus que le père Noël a déposé au pied du sapin un bel
appareil photo !
2015 a été l'année de ma
maîtrise en science politique. Je croise les doigts pour que 2016
soit celle de la réussite de mon master 2 et du bon commencement de
ma vie professionnelle (c'est-à-dire trouver un emploi rapidement).
Ce sera l'année du changement car j'envisage de quitter Paris pour
partir à la découverte d'une autre ville, mais ce sera en fonction
de ma recherche d'emploi.
Enfin, l'année dernière j'ai
poursuivi l'aventure bloguesque et j'en suis très heureuse. Je lis
toujours avec autant de plaisir vos chroniques et je suis heureuse de
pouvoir partager avec vous sur notre passion commune. J'aimerais découvrir toujours plus de blog à lire.
Et vous, quels sont vos coups de
coeur de 2015 ? Lesquels me conseillez-vous ?
mercredi 23 décembre 2015
Pierre Brossolette raconté par Gilberte Brossolette et par Eric Roussel
Pierre Brossolette, journaliste
politique, homme très intelligent, a été l'une des grandes figures
de la Résistance sous l'occupation allemande. Mort dans des
circonstances tragiques (il a sauté par une fenêtre de la salle où
l'on s'apprêtait à le torturer, après avoir déjà été torturé
à de maintes reprises), il est entré au Panthéon il y a quelques
mois, en même temps que Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine
Tillion et Jean Zay.
J'ai d'abord lu la biographie
écrite par Eric Roussel, historien qui a écrit de nombreuses
biographies d'hommes politiques (j'ai d'ailleurs la biographie de
François Mitterrand qui m'attend mais elle est tellement énorme que
je ne la lirai pas avant l'été prochain je pense !) et reçu des
prix. J'ai eu l'occasion de lui parler lors du salon Histoire de Lire
de l'hôtel de ville de Versailles et je l'ai trouvé adorable. Pour
la petite histoire, je lui ai expliqué que je souhaitais travailler
sur Gilberte Brossolette dans le cadre de mon mémoire de Master 2 et
il m'a tout de suite proposé de m'aider. Autant dire que ça
augurait une bonne lecture.
Je me suis très vite attachée au
Pierre Brossolette dépeint par l'historien. Quelques rapides pages
sur l'enfance précèdent le récit de ses études puis de ses débuts
de journaliste politique. Eric Roussel s'attache à nous décrire les
idées politiques de Brossolette. Ce dernier était un idéaliste
(dans le sens où il accordait une grande place aux idées) mais ça
ne l'empêchait pas d'être aussi pragmatique et réaliste, surtout
lors des multiples événements des années 1930 qui menèrent peu à
peu à la Seconde Guerre mondiale. Journaliste, éditorialiste,
engagé à la SFIO, il fut aussi chroniqueur à la radio où il
parlait de politique étrangère. La biographie écrite par Eric
Roussel contient de nombreux documents en annexes, dont des articles
écrits par Pierre Brossolette, et le récit est lui aussi complété
par des extraits de chroniques. Le moins que l'on puisse dire est que
le futur résistant portait une analyse très fine des événements
et devinait ce qui allait se passer, non pas comme un devin, mais
comme quelqu'un qui sait interpréter les paroles et les actions des
uns et des autres. Très intelligent, donc, intelligent et bosseur,
il ne comptait pas les heures de travail. (il avait été reçu
premier au concours de l’École Normale Supérieure, rien que ça !).
Pierre Brossolette était un homme
d'idées, mais pas que. Il a fait preuve d'un courage sans faille
lors des quelques mois de bataille qu'a menés la France au début de
la Seconde Guerre Mondiale. Eric Roussel comme Gilberte Brossolette,
à travers des témoignages unanimes à ce sujet, nous montrent que
Pierre Brossolette est resté proche des hommes qu'il a dirigés,
qu'il les a soutenus jusqu'au bout et les a ramené vivants après
la défaite, alors qu'ils fuyaient l'ennemi victorieux. Il a fait
preuve d'un courage sans faille, courage qui le guidera tout au long
des heures sombres de l'Occupation.
Les deux biographies dépeignent
l'ambiance qui règne alors. Les questionnements de chacun, les
doutes, les peurs, les prises de position. Le livre d'Eric Roussel
m'a appris beaucoup de choses sur la Résistance, notamment sur les
conflits qui opposaient les différents mouvements et réseaux.
Pierre Brossolette rejoint Londres avec femme et enfants en 1942,
mais fera de multiples allers-retours en France occupée, ne voulant
pas devenir, comme il le dira à Gilberte Brossolette, un “rond de
cuir de la Résistance”. Ce qu'on nomme “la Résistance” n'est
pas en fait pas unie. Il y a beaucoup de groupes et ils ne mènent
pas des actions coordonnées. Il y a aussi beaucoup d'imprudences. Et
tous les réseaux ne sont pas favorables à De Gaulle, loin de là.
Il faut aussi souligner les grandes différences qu'il y avait entre
la zone occupée et la zone libre, et que les groupes de ces deux
zones n'étaient pas en phase entre eux. Tout cela complique bien les
choses et la tâche de Pierre Brossolette était d'y mettre de
l'ordre. Les deux biographies expliquent avec beaucoup de précision
ses missions et sa volonté tout en mettant en avant les luttes de
pouvoir qu'il y avait au sein de la France Libre.
Dans son livre, Gilberte
Brossolette dresse le portrait de son époux avec beaucoup de
tendresse et d'admiration. Son témoignage nous donne à voir l'homme
qu'il était dans sa vie privée. On y découvre un mari très
amoureux de sa femme et un couple très soudé. Avec ses enfants, le
résistant est un père exigeant mais aussi et surtout soucieux de
leur bien être. Souriant et plein d'humour, il est néanmoins en
proie à une inquiétude constante. Il pouvait être charmant mais
son ton pouvait aussi être cassant, ce qui donnait de lui l'image
d'un homme arrogant et suffisant. Exigeant, il l'était avec ceux qui
l'entouraient et envers lui-même. (sur ce point, vous pouvez lire la lettre qu'il a envoyée à Charles de Gaulle, lettre dans laquelle il exprime son désaccord avec des mots que peu de personnes auraient osé écrire au Général)
C'est difficile de faire court
quand on parle d'un homme de la trempe de Pierre Brossolette. Nul
doute qu'il aurait été un grand homme politique s'il n'avait eu
cette fin funeste. Son arrestation et la suite des événements,
fruits de malheureux hasards et d'imprudences de la part de
résistants, m'ont fendu le coeur. Lire ces lignes, c'était
assister, impuissante, à un drame. Comment ne pas être touchée
lorsque Gilberte Brossolette évoque les longues semaines sans
savoir, les longues semaines à se poser des questions alors que
personne n'ose lui avouer la triste vérité. Elle à Londres, le
corps de son mari à Paris. C'est elle qui, bravant le danger, vient
enquêter clandestinement sur les circonstances de la mort de son mari.
Pour finir, deux petits extraits
du livre écrit par Gilberte Brossolette. Le premier extrait, qui
clôt la biographie, m'a beaucoup touchée.
“Pierre fut incinéré le 24
mars au Père-Lachaise, en même temps qu'un autre résistant,
François Delimal, du Bureau des opérations aériennes.
Deux urnes furent scellées dans
l'aide gauche du colombarium. Elles portent gravés les numéros 3913
et 3920. Nul ne sait laquelle contient les cendres de François
Delimal, laquelle celles de Pierre.
Quand je me recueille devant
l'inscription “Inconnu”, gravée dans le marbre, revient en écho
la phrase que Pierre m'avait dite un jour : “S'il arrive quelque
chose, n'oublie jamais que je t'ai passionnément aimée.” ”
Et une petite anecdote sur leur
rencontre. Pierre et Gilberte se sont connus alors qu'ils étaient
étudiants, Pierre à l’École normale supérieure, et Gilberte à la
Sorbonne en Histoire. Pierre Brossolette a abordé sa future épouse
en lui demandant si elle pouvait lui prêter les notes qu'elle avait
prises lors d'un cours qu'ils fréquentaient tous les deux. Gilberte
Brossolette écrit alors :
“Je saurais aussi que c'était
en entendant mon prénom, celui de l'héroïne des Jeunes filles en
fleur, qu'il avait levé les yeux pour comparer ma silhouette à
l'image qu'il s'était faite de la Gilberte de Proust.”
J'ai appris beaucoup de choses en lisant ces deux biographies. J'ai découvert un homme passionnant qui aurait pu faire tellement de choses à la Libération s'il n'avait pas été arrêté … Les détails sur la Résistance sont également passionnants et instructifs. Gilberte Brossolette a consacré sa vie à la mémoire de Pierre Brossolette. J'espère pouvoir lui rendre l'hommage qu'elle mérite à son tour.
Cette chronique n'était pas très joyeuse mais j'en profite tout de même pour vous souhaiter un joyeux Noël !
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