Une invitation au voyage, dans un murmure, chatouille l’oreille du
lecteur dès les premières lignes. Comme un souffle qui vous entraine
au-delà des frontières de notre temps, pour en rejoindre un autre. Ce
changement de siècle
se fait par une promenade entre prés et forêts, là où la nature règne
en maître. Des vestiges des temps anciens décorent ce tableau
pittoresque. Et d’un coup, on plonge dans une époque où les vestiges
étaient encore des châteaux forts. XIIe siècle. Le saut dans le passé
est fulgurant et rapide. Le récit est à la première personne.
Esclarmonde, jeune femme à marier, nous raconte son histoire, et l’on
entendrait presque ses murmures du fond de sa tombe. Si vous ouvrez bien
l’oreille, vous entendrez ses chuchotements, mots à peine audibles, qui
vous entraineront dans un flot d’émotions. Esclarmonde évoque sa
famille, ses jeunes années, puis son mariage avec Lothaire. Enfin, non,
elle ne se marie pas avec Lothaire. Esclarmonde veut épouser la
religion, et entraine les personnes de son entourage à accepter qu’elle
vive en recluse. Alors on lui construit sa tombe, puisque sa réclusion
sera vécue comme sa mort. Esclarmonde va mourir du monde des vivants,
pour renaitre dans le monde céleste. S’ensuit une renommée à travers le
pays. Les pèlerins s’arrêtent devant sa tombe, et lui demandent de prier
pour eux. Esclarmonde est enfin écoutée. Paradoxe étrange. Libre et
jeune fille en fleur, personne ne se soucie de ses pensées. Recluse, sa
voix devient source de bonheur et d’espoir. Mais, si tout le monde la
considère comme une sainte, elle n’en reste pas moins femme. Et c’est
les bonheurs et malheurs des femmes qu’elle va connaitre dans sa petite
cellule où elle peut tout juste s’allonger et prier. Comment écrire un
roman sur une femme recluse dans une cellule ? Comment faire voyager le
lecteur malgré l’enfermement ? Carole Martinez relève avec succès ce
défi. C’est la vie d’un village et d’un château que l’on découvre. Leurs
coutumes, leurs croyances, leurs joies et leurs malheurs. Mais à
travers Esclarmonde, on suit les croisés vers la Terre Sainte, et l’on
découvre leurs combats sous un soleil qui frappe beaucoup trop fort.
C’est en se retirant du monde qu’Esclarmonde a vécu plus que quiconque
et a voyagé jusqu’aux terres de son Seigneur. Rien ne lui sera épargné :
douleurs, haine, doutes et punitions. Et ses murmures vous hanteront
jusque dans votre sommeil.
un livre que j'ai beaucoup aimé.
RépondreSupprimerMoi aussi je l'ai adoré !
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