“La neige fondait dans la montagne et Bunny était mort depuis plusieurs semaines quand nous avons fini par comprendre la gravité de notre situation.” (Prologue)
J'ai trouvé ce roman totalement
par hasard, sur un portique de livres de poche dans une librairie. Un
coup d’œil rapide sur le résumé m'a convaincue, alors je l'ai
pris. Grand bien m'en a pris car c'est un véritable coup de cœur
que j'ai eu pour ce premier roman de Donna Tartt. Un premier roman
maîtrisé de bout en bout et sans fausse note : remarquable.
“Est-ce que quelque chose comme
la “fêlure fatale”, cette faille sombre et révélatrice qui
traverse le milieu d'une vie, existe hors de la littérature ? Je
croyais que non. Maintenant je pense que oui. Et je crois que voici
la mienne : une avidité morbide du pittoresque à tout prix.”
Richard Papen a vingt-huit ans
lorsqu'il nous raconte son histoire. Né en Californie, il rejoint
l'université de Hampden , en Nouvelle-Angleterre, à l'âge de
dix-neuf ans. C'est là que sa vie va changer. On le sait dès le
prologue : Richard, avec des amis, a tué l'un des membres de son
groupe. On ne sait pas encore qui ils sont exactement, mais on devine
que c'est l'histoire de ce meurtre que s'apprête à nous raconter le
narrateur.
Ce roman est une description du
milieu étudiant, mais très vite le narrateur se coupe du reste de
l'université de Hampden pour entrer dans le cercle très fermé du
cours du professeur Julian Morrow, spécialisé dans l'Antiquité.
Julian exerce une attirance très forte, ses élèves l'admirent et
n'écoutent que lui. Avant l'arrivée de Richard, seuls cinq élèves
suivent ses cours : Bunny, Henry, Francis et les jumeaux Charles et
Camilla. Richard, dès son arrivée à Hampden, n'a qu'une envie :
faire partie de cette classe, découvrir qui sont ces cinq personnes
qu'il ne peut s'empêcher de suivre tout en se cachant.
Suivant les pensées de Richard,
nous entrons nous-même dans ce groupe, spectateurs des scènes qui peu à peu mèneront à l'inéluctable.
Les descriptions de Richard, que ce soit ses descriptions des
personnes ou de la nature, sont profondes et souvent empreintes de
mélancolie. Ces descriptions, il les fait presque dix ans après
avoir vécu ces événements qui ont changé le cour de sa vie. Il se
souvient de tout avec une extrême précision.
Julian veut que ses élèves
parlent couramment le Grec ancien, mais aussi qu'ils réfléchissent
à la manière des Grecs. C'est pourquoi chaque cours est l'occasion
d'une immersion dans l'Antiquité.
Richard Papen nous raconte comment
il est entré dans un cercle infernal, où chacun a quelque chose à
cacher et où les mystères et les secrets tiennent la première
place. Le maître des illusions, lui, donne l'impression (ou
l'illusion, si j'ose dire) à chacun de ses six élèves qu'ils sont
bons et qu'ils ont quelque chose de spécial en eux. Mais s'il se
trompait ? Le maître des illusions n'est-il pas le premier à
s'illusionner lui-même ?
Au fond, la phrase sur la première
de couverture résume bien cette lecture :
“Les choses terribles et
sanglantes sont parfois les plus belles.”
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire