mardi 21 juillet 2015

Chroniques en pagaille

Mon perfectionnisme a joué contre moi. J'avais prévu de vous faire des chroniques développées sur mes lectures, de vous mettre des extraits, de vous parler de certains passages, des personnages, mais j'ai retardé, et maintenant je n'ai plus le temps. De demain jusqu'au premier août, je ne pourrai pas vous faire de chronique pour cause de vacances sans internet, et je préfère vous parler de mes lectures maintenant plutôt que de retarder mes billets encore et encore. Ce seront donc de courts avis qui j'espère vous plairont quand même.

J'ai commencé le mois de juillet avec le roman Le Cercle Pouchkine de Simon Montefiore. Nous sommes à Moscou en 1945. Andreï est un lycéen, fils d'un exilé qui a jeté l'opprobre sur sa famille. Avec sa mère, Andreï a été autorisé à revenir vivre à Moscou et à intégrer le lycée de l'élite moscovite. Dans ce lycée, il va être amené à côtoyer les enfants des dirigeants du Parti et des enfants de célébrités. Parmi ces élèves, Serafima attire son attention. Très vite, les amis de la jeune fille vont proposer à Andreï de faire partie du Cercle Pouchkine. Difficile de ne pas penser au Cercle des poètes disparus quand on suit ces jeunes Moscovites en quête d'un amour absolu. Eux aussi admirent leur professeur de littérature, un ancien exilé qui leur fait étudier le roman Eugène Oenéguine. Mais alors, comment deux des membres du Cercle ont-ils pu trouver la mort alors que la fête célébrant la victoire sur les Nazis battait son plein ? C'est sur cette scène que s'ouvre le roman : deux lycéens tués. S'ensuit une enquête pour déterminer quelles ont été les conditions de ce terrible accident, enquête qui très vite sera dirigée par le Parti lui-même. Alors que ces lycéens ne prenaient ce cercle que pour un jeu, ils vont se trouver entrainés dans une spirale infernale aux conséquences tragiques. En URSS, la vie privée concerne avant tout le pouvoir politique. Le moindre détail de la vie de famille de ces élèves peut être retenu contre eux et contre leurs parents. C'est un roman palpitant qui nous entraine des quartiers chics de la capitale à la Loubianka, siège de la police secrète où sont menés les interrogatoires. Nous découvrons l'élite moscovite et son mode de vie, tout en mettant à jour les secrets bien enfouis de ces familles qui sont en apparence bien sous tous rapports. En bref, un roman rythmé et fluide, sans temps mort, avec des sentiments, des luttes politiques et une enquête policière. Une très bonne lecture.

J'ai poursuivi avec Rebecca de Daphné du Maurier. J'ai beaucoup entendu parler de ce roman ces derniers temps, notamment par le biais d'Albin Michel qui en propose une nouvelle traduction, et par le fait que Tatiana de Rosnay ait écrit une biographie de Daphné du Maurier. Saleanndre avait écrit une chronique très élogieuse de Rebecca, alors, quand j'ai vu ce roman dans une vente organisée par la bibliothèque de ma ville, je n'ai pas hésité. J'ai tout de suite été happée par le ton mélancolique emprunté par la narratrice qui se souvient de Manderley. Les descriptions sont poétiques et font appel à tous nos sens, nous donnant l'impression de nous promener en compagnie des personnages. A aucun moment il n'est fait mention du prénom de la narratrice, et c'est l'un des éléments qui posent la question de l'identité. La narratrice ne cesse en effet de se comparer à Rebecca, l'ex épouse, défunte, de Max de Winter, son mari. Toutes les personnes qu'elle rencontre semblent avoir apprécié Rebecca, ce qui pousse la narratrice à croire que son mari avait été fou amoureux de la défunte. La narratrice, timide, maladroite, et peu sûre d'elle, attire la sympathie mais il y a des moments où elle m'a franchement agacée, notamment lorsqu'elle tombe dans des pièges qui sont prévisibles. Cela ne m'a pas empêchée d'apprécier ma lecture. Ce roman m'a plu, mais il m'a manqué quelque chose. Après avoir lu tant d'éloges, je m'attendais à plus. J'ai surtout aimé le style, mais en ce qui concerne l'intrigue, je suis restée sur ma faim.

Ensuite, direction le Paris du XIXe siècle avec le roman Son Excellence Eugène Rougon d’Émile Zola. L'un de mes objectifs est de lire tous les Rougon-Macquart. J'ai découvert Zola en classe de Seconde, lorsque j'ai dû lire L'Assommoir. Grand coup de coeur. J'ai lu par la suite Au bonheur des dames, Nana, La bête humaine et La Fortune des Rougon. Le milieu mis en avant dans Son Excellence Eugène Rougon est celui de la politique. Le roman s'ouvre sur une séance à l'Assemblée, et il se ferme sur une scène qui se passe au même endroit. Entre ces deux moments, cinq ans se déroulent sous les yeux du lecteur. Eugène Rougon est le président du Conseil d’État, mais il décide de démissionner. Est-ce sa décision ou l'a-t-il voulu ? Même les membres du petit groupe qui gravite autour de lui ne le savent pas. Eugène Rougon n'est rien sans les membres de ce groupe, sa “bande”, comme ils s'appellent. Cette bande d'amis-intéressés est hétéroclite : on y trouve trois députés, deux couples de Plassans, d'où est originaire Eugène, une femme qui le logeait lorsqu'il n'avait pas un sou en poche et qu'il prenait part aux révoltes, un ancien compagnon des coups tordus, et une jeune femme, Clorinde, une Italienne à l'allure fantasque et aux habitudes bien étranges. Tous ces personnages gravitent autour d'Eugène comme des satellites autour d'une planète. Ils se servent de lui pour avoir des privilèges tout en lui rappelant que sans eux, il ne serait rien. Ce sont les luttes d'influence qui sont ici mises en avant, dénonçant l'entourage de l'Empereur Napoléon III. On complote, on trahit, ou on met en avant ses amis, tout cela dépendant des circonstances. Les hommes semblent mener le jeu mais les femmes redoublent de talent pour les faire agir comme elles le souhaitent. L'intrigue évolue au rythme des événements du Second Empire : le baptême du prince impérial et l'attentat devant le théâtre de l'Odéon entre autres. On suit aussi la cour impérial aux châteaux de Compiègne et des Tuileries. Tous ces éléments nous font plonger dans l'Histoire. Ce n'est pas le livre de Zola que je recommanderais en premier, mais c'est un volume dont j'ai apprécié la lecture.

Enfin, le dernier livre que je vous présente se déroule aussi dans le Paris du XIXe siècle, mais cette fois sous la IIIe République. C'est Bel Ami de Maupassant. Georges Duroy, ancien officier sans le sou, ne manque pas d'ambition. Il parvient à travailler dans un journal grâce à un ancien ami retrouvé par hasard dans la rue. Ce roman d'apprentissage peut rappeler Le père Goriot de Balzac, L’Éducation sentimentale de Flaubert ou encore Le rouge et le noir de Stendhal. Georges entreprend son ascension sociale en séduisant les femmes. Les principales d'entre elles représentent chacune une période de la vie d'une femme et une condition sociale. Chaque nouvelle femme séduite représente un nouveau barreau de l'échelle, jusqu'à la consécration finale. Mais ce sont aussi des événements de la vie politique qui permettent à Bel Ami d'évoluer, pas à pas. C'est avec plaisir qu'on suit les aventures de ce personnage, portées par la plume de Maupassant et son talent indéniable de conteur.  (un intrus s'est glissé sur la photo).




Je ne peux pas vous dire quels livres je vais emmener avec moi parce que je n'en ai aucune idée. Vous aurez la surprise à mon retour. En espérant vous avoir donné envie de découvrir les lectures qui ont ponctué le début de mes vacances, je vous souhaite un bel été et plein de découvertes littéraires.


5 commentaires:

  1. Toujours des russes :P
    Le Cercle Pouchkine a l'air vraiment intéressant ! Bonnes vacances ^^

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  2. Décidément, tu me donnes envie de découvrir la Russie en lecture. Je note "Le cercle Pouchkine" et me lancerai donc dans cette totale découverte.

    J'ai lu "Rebecca" il y a très peu et découvert par la même occasion la plume de l'auteur. Je suis d'accord avec toi pour la narration mélancolique et le prénom de la narratrice qui m'a frappé puisqu'il n'est jamais mentionné. C'est dommage que tu reste sur ta faim mais je me dis toujours que l'orsque l'on entend trop parler d'un livre, cela gâche un peu le plaisir car on s'attend à un coup de coeur. Heureusement pour moi, cela ne l'a pas fait avec "Rebecca". Tu comptes lire ses autres oeuvres ? C'est le projet que je me suis fixé après la lecture de ce roman.

    Heureuse que le roman de Zola t'aies plu, le thème coïncide ainsi avec tes études. Les amis de Rougon sont très très intéressés, ce qui peut être agaçant pour lui car du coup il n'a pas de vrais amis.

    Je garde un bon souvenir de "Bel-ami", d'autant plus qu'il réunissait deux sujets que j'apprécie : le XIXème siècle (pour l'écriture) et le journalisme.

    En somme tu as fait de belles lectures, un peu moins avec "Rebecca" peut-être. J'ai hâte de voir ce que tu liras ensuite ;-)

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  3. @Temps H -> Oui les Russes, encore et toujours ! Merci **

    @LeSalon DesLettres -> Je suis contente de te donner envie de lire des livres sur la Russie :) Le Cercle Pouchkine pourrait te plaire !

    En effet, le fait d'avoir entendu tant d'éloges sur Rebecca a sûrement gâché ma lecture dans le sens où j'en attendais toujours plus durant ma lecture. Je lirai peut-être d'autres romans de Daphné du Maurier mais pas dans l'immédiat. Si tu en lis avant moi je verrai ce que tu en dis :)

    C'est assez effrayant de voir que Rougon se retrouve seul du jour au lendemain quand ça ne va pas dans sa carrière. Il ne s'appartient même plus, il est poussé malgré lui vers le pouvoir et quand il ne fait plus l'affaire, on pousse un autre personnage. J'ai été surprise par le schéma narratif qui est en forme cyclique. Je ne m'attendais pas à cette fin et du coup c'était agréable. On s'attend à ce que la fin soit désastreuse pour le personnage principal, et là ce n'était pas le cas.

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  4. Le premier me tente beaucoup. J'aime beaucoup les histoires qui se passent en Russie ! Et Rebecca, un grand classique ! J'adore !

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    1. Je te recommande Le Cercle Pouchkine alors ! C'est un roman très agréable à lire :) Rebecca n'a pas été un coup de coeur, j'ai été un peu déçue, mais je suis contente de l'avoir lu.

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