lundi 15 septembre 2014

De l'importance des couvertures

La liseuse - Charles de Steuben
Au fil de mes pérégrinations matinales sur le web, j'ai découvert deux articles très intéressants sur les premières et quatrièmes de couverture.

Le premier a été publié sur le site Slate.fr, date du 24/03/2012 et a pour titre "Pourquoi en France les couvertures de livres sont-elles si sobres ?" L'article commence par une comparaison entre les couvertures anglo-saxonnes et les couvertures françaises.  Les couvertures anglo-saxonnes sont en effet très colorées, très imagées, quand les couvertures françaises jouent la sobriété. D'où la question posée par l'article : pourquoi une telle différence dans les choix éditoriaux ? Pour répondre à cette question, l'auteur de l'article revient sur l'histoire éditoriale française et la vision que nous avons de la littérature. En effet, la sacralisation de la littérature n'est pas pour rien dans le choix des couvertures. Les maisons d'édition valoriseraient le texte et ne voudraient pas qu'il disparaisse derrière une couverture trop criarde. Mais l'auteur de l'article nous explique que longtemps, en France, le choix d'une couverture simple relevait d'un certain élitisme : les couvertures colorées avec des illustrations seraient liées à la culture dite populaire, d'autant plus avec l'essor du Livre de poche. Au contraire, les couvertures sobres témoigneraient d'une œuvre plus élitiste (avec, par exemple, la célèbre couverture blanche de Gallimard). Différents acteurs des métiers du livre témoignent de leur expérience et disent leur avis au cours de cet article très complet qui permet de mieux comprendre pourquoi nos couvertures sont plus sobres que les couvertures anglo-saxonnes. 

Personnellement, je ne prête pas vraiment attention aux premières de couverture. Même si une couverture peut attirer mon attention dans une librairie, je m'arrête plus sur la quatrième de couverture que sur la première. Avoir des couvertures sans illustration ne me dérange pas, et au contraire, j'aime beaucoup la couverture blanche de Gallimard. Peut-être que c'est parce que, sans m'en rendre compte, je suis attirée par la symbolique de cette couverture devenue si mythique. Quoi qu'il en soit, quand je vois ces livres dans des brocantes ou des marchés aux livres, je ne peux pas m'empêcher des les acheter. Certes, les couvertures des livres anglo-saxons attirent souvent mon regard, et il y en a beaucoup que je trouve très jolies, notamment quand je me balade sur des blogs. Mais je peux me passer de ces couvertures et je ne déplore pas l'absence d'illustration chez certains de nos éditeurs. 

Le deuxième article est un entretien avec Gérard Genette et date du 01/09/2002. La quatrième de couverture est le sujet de cet entretien. Gérard Genette revient sur l'histoire de la quatrième de couverture et sur l'intérêt qu'elle revêt aujourd'hui. J'y ai appris ce qu'est un prière d'insérer (un communiqué sur un roman que l'on demandait aux directeurs de journaux d'insérer dans leurs colonnes, au XIXe siècle). Dans cet entretien, on aborde plusieurs questions : une quatrième de couverture fait-elle double emploi avec la préface ? ; qui doit écrire la quatrième de couverture ? ; comment la réussir ? 

La quatrième de couverture est l'une des premières choses que l'on lit lorsqu'on découvre un livre. Je n'achète que rarement un livre sans avoir lu sa quatrième. Mais comme le dit Gérard Genette, écrire une quatrième est un exercice difficile. Le lecteur peut être déçu en lisant le livre : la quatrième avait promis des choses qu'on ne retrouve pas. Ou on peut passer son chemin, la quatrième ne nous plaisant pas, alors que le livre vaut la peine d'être découvert.

Les lignes éditoriales font les habitudes des lecteurs, mais les préférences des lecteurs influent également sur les choix éditoriaux. La désacralisation de l'auteur et le succès des livres de poche obligent les maisons d'édition à revenir sur leurs choix au niveau des couvertures. Notre rapport au livre pourrait peut-être s'en trouver changé.

4 commentaires:

  1. Super intéressant !! Excellente idée que de parler de cela.
    Je suis tout à fait d'accord avec toi concernant l'écart qui existe entre les couvertures anglo-saxonnes et les couvertures françaises. Mais comme toi également, les couvertures "blanches" ne manquent pas d'éveiller la fascination chez moi...
    Quant à la quatrième de couverture, il est vrai que c'est sans doute un des exercices les plus difficiles dont dispose la littérature ! Je devrais essayer d'en faire faire une à mes élèves ^^

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    1. Merci :) Quand j'ai lu ces deux articles, je me suis dit que ça pourrait être sympa d'en parler ici.

      Je ne suis donc pas seule à être attirée par les couvertures Gallimard, mais ça je m'en doutais, je connais quelques personnes qui les collectionnent, et j'aime beaucoup voir leur bibliothèque remplie de ces oeuvres. Si je devais choisir entre un livre à la couverture "blanche" et un livre avec une couverture illustrée, je choisirais le premier (si on ne prend en compte que la couverture).

      Ce serait une très bonne idée que de donner à tes élèves cet exercice ! Surtout, dis-le moi si tu le fais. Ce serait un exercice original en tout cas.

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  2. Ton article est super intéressant. En effet, depuis peu je me demande pourquoi les couvertures de livres (français) sont-elles si moches ? Personnellement je préfère avoir une illustration que rien du tout mais également je déteste que la couverture n'ait pas de rapport avec l'histoire, que ce soit un tableau, même sublime en lui-même (exemple : la couverture de "La princesse de Clèves" chez le Livre de poche). Ça n'a pas de rapport direct et c'est frustrant dès le début de la lecture.
    En ce qui concerne les quatrièmes de couverture, rien n'est plus insupportable que le manque de résumé de l'histoire. Les citations c'est bien mais je ne peux pas acheter un livre si je n'ai pas de résumé. C'est en effet un exercice difficile mais je n'ai jamais été déçu par cela.
    J'espère donc que nos couvertures de livre vont évoluer car quand je regarde les belles collections de Jane Austen en Angleterre par exemple (et vu au Portugal aussi) ça donne envie de s'y plonger de suite !

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    1. Ah oui je vois ce que tu veux dire pour les illustrations qui n'ont aucun rapport. Personnellement, je n'y porte pas vraiment d'attention mais je comprends que ça puisse agacer.

      C'est assez rare, je trouve, aujourd'hui, de trouver des romans dont la quatrième ne comporte que des citations, mais j'ai certainement dû en croiser. En tout cas je pense comme toi, je préfère avoir un résumé. Mais j'ai déjà été déçue par les promesses d'une quatrième, ou les commentaires élogieux de la presse qui parfois sont cités sur le livre.

      C'est intéressant d'avoir ton opinion car personnellement, ça ne me dérangerait pas si nos couvertures ne changeaient pas. Merci d'avoir laissé ton avis :)

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